Principes fondamentaux de la pédagogie decrolyenne
L’idée de globalisation
« Chez l’enfant, d’innombrables notions ont pénétré sans analyse consciente préalable, sans dissociation voulue. » O. Decroly
L’enfant appréhende le monde de façon globale : il voit globalement, tout comme nous voyons globalement ce qui se présente nouvellement à nous. Il reconnaît d’abord les objets et les êtres sans en reconnaître les parties. Il analysera plus tard, peu à peu, en plusieurs temps, en fonction de sa personne, de ses besoins et de ses intérêts.
Les centres d’intérêt
« Il faut mettre un intérêt à la base de tout ce que l’on donne à l’enfant. L’intérêt éveille l’attention. » O. Decroly
La parole de l’enfant, ses besoins et ses intérêts sont pris en compte dans un cadre institutionnel au sein de chaque groupe classe. Ainsi naissent des intérêts communs qui se développent, s’enrichissent et se diversifient au travers d’activités organisées par l’enseignant. Ceci permet à chaque enfant de relier ses questionnements, de s’ouvrir à ceux des autres, d’aborder des notions ensuite étudiées et approfondies dans des enseignements plus systématisés et donc de donner du sens à ses acquisitions.
Les démarches d’apprentissage
1. Les 3 Temps
- L’observation : elle a pour but de mettre directement les enfants en contact avec les objets, les faits, les événements, les phénomènes, et d’en récolter des informations qui feront, dans un second temps, l’objet de recherches. Elle permet ainsi aux enfants, par une approche concrète (manipulation, expérimentation, comparaison), de découvrir l’objet, de l’identifier, le situer, le classer.
- L’association : elle permet de classer les faits observés, de les expliquer, de les confronter entre eux et à des acquis antérieurs, et ainsi d’exercer l’aptitude à dégager des liens de plus en plus complexes conduisant à l’élaboration d’une pensée conceptuelle.
- L’expression : elle est une phase d’appropriation personnelle et de mise en forme du travail réalisé. Elle intervient tout au long des activités d’observation et d’association. Elle concrétise l’aboutissement d’une démarche d’apprentissage et en permet la communication.
2. Du concret vers l’abstrait
- Partir du concret : c’est ancrer l’enseignement dans la vie : la vie observée dans la nature, celle de l’enfant et de son groupe, celle de la société – c’est observer ce que l’on peut voir, toucher, sentir. c’est se construire des outils pour l’analyse.
- Passer du concret à l’abstrait : c’est après cette perception globale, comparer, confronter, analyser (démarches que chaque enfant mène à son rythme lorsqu’il est prêt), pour en dégager une idée générale, voire un concept ou une loi.
Mise en œuvre des apprentissages
1. Créer un milieu riche
- Une école située à proximité d’un bois pour favoriser l’observation de la nature, et des transports en commun pour faciliter les liens avec le monde extérieur.
- Un milieu-classe qui offre des matériaux divers pour permettre les tâtonnements, les observations, manipulations et collections de chacun, ainsi qu’un mobilier pouvant être déplacé facilement.
- Un espace-classe qui se construit avec les apports des enfants, leurs travaux, et qui sert de référence au groupe.
- Des moments de rencontre et d’échange, au sein même de l’école et avec l’extérieur, pour partager des expériences autour d’un vécu, de l’actualité, de la vie sociale ou professionnelle.
2. Aménager le temps scolaire, les situations d’apprentissage et les programmes
- Pour respecter les rythmes des enfants : le fait que les enfants soient dans l’école de 3 à 15 ans permet d’aménager les programmes, d’attendre ou de différer certaines acquisitions. Confiance est faite au grandissement propre de chacun : il faut pouvoir vivre des passages à vide, des ruptures, des régressions, garder son propre rythme, prendre le temps, en perdre ou aller plus vite. Essais et erreurs sont nécessaires à la fabrication des connaissances.
- Pour réduire les effets liés à une parcellisation du temps.
- Pour diversifier les situations d’apprentissages en apprenant seul, avec un petit groupe, avec un plus jeune ou un plus âgé, avec un adulte autre que le responsable de la classe ou de la matière.
3. Favoriser l’activité de recherche
Qui développe l’initiative et l’autonomie de l’enfant : il apprend ainsi à organiser son travail et à chercher des documents. L’enseignant ne cherche pas à faire reproduire un modèle mais aide l’enfant à améliorer ses outils, à évaluer son travail, à développer son esprit critique. L’enfant apprend en agissant et l’adulte agit dans le sens de la recherche de l’enfant.
- Qui apprend à travailler avec les autres : l’enfant apprend à tenir compte de l’autre puis à organiser un travail avec d’autres, à défendre son idée. Peu à peu, il construit un projet avec des camarades. La recherche -individuelle ou en petits groupes permet la diversité des cheminements et oblige à la confrontation. Elle incite l’enfant à être curieux des autres et du monde.
- Qui peut être aussi une situation de découverte pour l’adulte: les échanges de savoir entre enfants et adultes sont possibles et réels
4. Évaluer autrement
- Ne pas utiliser de notes pour ne pas renforcer l’esprit de compétition entre les enfants
- Ne pas établir de hiérarchie entre les enfants et entre les matières
- Ne pas amener l’enfant à se conformer à une norme
- Ne pas placer l’enfant dans une situation d’échec
Mais
- Valoriser le cheminement et les étapes franchies
- Établir une relation de confiance
- Permettre à l’enfant de s’évaluer lui-même en fonction de la tâche à accomplir
Évaluer reste pour nous un moyen de mieux connaître l’enfant dans son évolution, ses acquis, ses capacités de travail, ses aptitudes particulières de réussite et de mieux adapter l’école à l’enfant.